Le 11 juin 2014, un groupe de personnes en colère a pris possession du nouveau siège de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM), à la route de Chavannes 33 à Lausanne.

Par cette occupation pacifique et symbolique, nous affirmons que la violence d'Etat exercée à l'encontre des requérants d'asile ne peut plus durer. Personnes vulnérables entassées dans des abris antiatomiques insalubres au mépris des recommandations médicales, requérants d'asile jetés à la rue en guise de punition, familles continuellement déplacée au mépris de la scolarité des enfants: l'EVAM abuse régulièrement de son pouvoir et ses pratiques choquent nombre de professionnels de la santé et du social actifs sur le terrain.

mercredi 11 juin 2014

QUEL TRAITEMENT RESERVE L’EVAM AUX PERSONNES VULNERABLES, EN PARTICULIER SUR LE PLAN MEDICAL ?

Postulat déposé au Grand Conseil vaudois le 10 juin 2014

QUEL TRAITEMENT RESERVE L’EVAM AUX PERSONNES VULNERABLES, EN PARTICULIER SUR LE PLAN MEDICAL ?


La situation des migrant-e-s, débouté-es de l’asile, dans le canton de Vaud se dégrade de jour en jour. Leur dignité d'êtres humains, leur droit à une existence privée et sociale, leur santé physique et psychique sont constamment mis en danger, voire piétinés. Les personnes les plus vulnérables, comme les malades, les personnes traumatisées ou les enfants sont particulièrement touchées. Ce constat est aujourd’hui notamment établi par des médecins, des infirmier-e-s de la Policlinique médicale universitaire (PMU) ainsi que par des médecins et du personnel soignant, qui suivent médicalement ces personnes.

Des exemples, parmi d’autres, de situations  inacceptables :

·      Celles des familles avec des enfants placées dans les centres d’urgence. Quelles sont en outre les conséquences pour l’avenir d’un enfant et son équilibre psychique de devoir changer d’école cinq fois en deux ans et demi, du fait des déplacements incessants dont leur famille sont l’objet ?
·      Celles de femmes, placées dans un foyer de célibataires: 4 ou 5 d’entre elles doivent cohabiter avec de nombreux hommes, ce qui, inévitablement, conduit à des situations de harcèlement et porte atteinte à leur santé psychique;
·      En octobre 2013, un homme souffrant de diabète a été placé au sleep-in de Morges, sans nourriture compatible avec sa maladie ni argent pour s'en procurer, et sans accès à une structure de jour. Un autre est resté pendant une semaine avec un abcès dentaire, avec pour seul «traitement» des comprimés de Dafalgan distribués par des agents de sécurité.
·      Un jeune Syrien arrivé en Suisse en septembre 2013 a été placé dans un abri antiatomique qui lui a fait revivre le traumatisme de la guerre; malgré les injonctions pressantes de la PMU faisant état de crises d'angoisse et de propos suicidaires, il a fallu deux mois à l'EVAM pour le transférer dans un autre hébergement.
·      L'établissement ne s'est pas non plus ému lorsqu'une jeune mère turque menacée de mort par son mari a demandé protection. Il aura fallu l'intervention de la PMU et d'une association pour que l'EVAM lève le petit doigt... au bout d'un an!

Misère matérielle et sociale, dépressions, crises d'angoisses, bagarres, automutilations et suicides rythment le quotidien des personnes qui espèrent ou espéraient trouver refuge en Suisse. En violation de son devoir légal d'assistance, l'Etablissement vaudois d’accueil des migrants(EVAM) fait prévaloir la logique punitive sur les besoins sociaux et médicaux des personnes.
L'EVAM abuse régulièrement de son pouvoir en expulsant des migrant-e-s des structures d'hébergement, en mettant en danger leur santé ou encore en les baladant de foyer en foyer sans droit de recours. Ces déplacements incessants, comme les conditions de logement dans les abris et les foyers d’urgence, ont des effets très négatifs sur l’état de santé physique et psychique de ces personnes. Cette violence institutionnelle crée des situations de détresse extrême, qui aboutissent à des drames: récemment, un homme est mort en se défenestrant au foyer d'aide d'urgence de Vennes, un autre est resté paralysé après avoir sauté du toit du centre de Vevey, un troisième a tenté de s'immoler devant les bureaux du Service de la population (SPOP), un quatrième s'est ouvert les veines dans les toilettes d'un abri PC.

L'EVAM met en danger la santé et la sécurité des migrant-e-s. Faisant régulièrement fi de l'avis de la Policlinique médicale universitaire (PMU), il laisse croupir durant des mois des personnes particulièrement vulnérables dans des abris antiatomiques.

Les personnes déboutées qui trouvent à se loger chez une connaissance sont aussitôt radiées de l'aide d'urgence et de la couverture maladie de l'EVAM. Comment pourraient-elles contracter une nouvelle assurance, sachant qu'elles devront attendre des mois avant de recevoir un subside et qu'elles n'ont de toute façon pas les moyens de payer la franchise?

Le service de la Policlinique médicale universitaire (13 infirmier-e-s pour des milliers de «patients»!) chargé du suivi des demandeurs d'asile doit être immédiatement renforcé, par un doublement du personnel infirmier et par l'engagement de médecins, y compris psychologues et psychiatres, pour assurer une permanence dans les centres. Le pouvoir décisionnel sur les conditions d'hébergement des migrants et sur l'accès aux soins dentaires devrait être confié à ce service. Il est inadmissible que des personnes sans formation médicale puissent s'asseoir sur les prescriptions des professionnels et ainsi mettre en danger des vies humaines. L'affiliation à l'assurance maladie de base doit en outre être garantie à toutes et tous, conformément à la Constitution fédérale. 

Les député-e-s soussigné-e-s demandent au Conseil d’Etat de rédiger un Rapport permettant de faire le point le traitement réservé par l’EVAM aux personnes vulnérables, particulièrement en matière de santé psychique et physique, rapport qui doit servir à proposer des moyens pour garantir véritablement l’accès aux soins, physiques et psychiques, de ces personnes.



Le 10 juin 2014


Jean-Michel Dolivo  Serge Melly  Jacques Neirynck  Denis-O. Maillefer  Raphael Mahaim


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