Le 11 juin 2014, un groupe de personnes en colère a pris possession du nouveau siège de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM), à la route de Chavannes 33 à Lausanne.

Par cette occupation pacifique et symbolique, nous affirmons que la violence d'Etat exercée à l'encontre des requérants d'asile ne peut plus durer. Personnes vulnérables entassées dans des abris antiatomiques insalubres au mépris des recommandations médicales, requérants d'asile jetés à la rue en guise de punition, familles continuellement déplacée au mépris de la scolarité des enfants: l'EVAM abuse régulièrement de son pouvoir et ses pratiques choquent nombre de professionnels de la santé et du social actifs sur le terrain.

jeudi 12 juin 2014

Lettre à l'attention du directeur de l'EVAM, M. Erich Dürst

Lausanne, le 11.06.2014

Monsieur le directeur de l'EVAM,
Monsieur le membre des Verts vaudois,
M. Erich Dürst,
Cher Erich,

Nous sommes venu-e-s en personne vous apporter cette lettre et visiter les nouveaux locaux de l'institution que vous dirigez. Car il arrive aussi à l'EVAM de déménager, certes moins souvent que celles et ceux dont il a la charge et qu'il cherche à «dynamiser» afin de les sortir de la «léthargie dans laquelle ils s'installent parfois».

Nous nous permettons de citer ci-dessus votre rapport sur le durcissement de l'aide d'urgence, car nous constatons qu'il reflète parfaitement la philosophie et la pratique de la maison à l'égard des requérants d'asile. En effet, des témoignages de migrant-e-s et de membres du personnel médical et social nous renseignent jour après jour sur la détresse, les privations et les humiliations que vivent celles et ceux qui espéraient trouver refuge dans ce pays.

L'EVAM viole les droits fondamentaux de ses «hôtes» en entassant des personnes traumatisées dans des abris antiatomiques au mépris des avis médicaux, en déplaçant continuellement des familles sans égards pour la scolarité des enfants, en radiant des requérants d'asile déboutés de l'assurance maladie ou encore en jetant des hommes à la rue en plein hiver pour les punir de leur comportement. Pour plus de détails, nous vous renvoyons au manifeste ci-joint.

En somme, quel résultat escomptez-vous de la «guerre d'usure» déclarée aux requérants d'asile déboutés? La politique de l'EVAM est-elle jugée efficace lorsque des femmes et des hommes sans papiers sombrent dans la dépression et l'alcoolisme, se mutilent, se suicident? Estimez-vous que d'autres mesures plus dissuasives doivent être prises afin de diminuer «l'attractivité» de l'aide d'urgence dans le canton de Vaud?

Conscient-e-s que toutes les décisions ne sont pas entre vos mains, et que la politique appliquée par l'EVAM s'inscrit dans un contexte fédéral et européen de chasse ouverte aux migrants non désirés, nous nous limiterons à quelques exigences élémentaires dans un pays signataire de la Convention européenne des droits de l'homme:

1)    Arrêt immédiat de la politique de déplacement (dite «dynamisation») appliquée par votre Etablissement. Tout transfert dans une autre structure de l'EVAM doit être sujette à recours.
2)    Arrêt immédiat des punitions arbitraires et disproportionnées, telles que l'exclusion des structures d'hébergement. En cas de délit, l'EVAM doit saisir les instances habilitées et non pas faire justice lui-même.
3)    Application rigoureuse des recommandations médicales émises par la PMU et les autres professionnels de la santé.
4)    Garantie effective de l'assurance maladie obligatoire, conformément à la Constitution fédérale.
5)    Prise en considération de la situation des femmes célibataires, qui se retrouvent parfois dans les mêmes foyers que les hommes.
6)    Mise sur pied d'un groupe de travail pour améliorer les conditions de vie des requérants d'asile dans le canton de Vaud.

Afin d'en parler avec vous de vive voix, nous vous attendons dans le hall du bâtiment voisin, route de Chavannes 33, que nous occupons de manière pacifique et néanmoins déterminée.

Avec nos salutations d'urgence,

Le groupe du 11 juin



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